Ces Ondes qui Affolent les Abeilles

Ces Ondes qui Affolent les Abeilles

Depuis 1998, nous assistons au syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles. La piste des pollutions électromagnétiques n’a pas été vraiment envisagée sérieusement. Et pourtant…

Les ondes électromagnétiques artificielles liées aux transferts de données se sont développées de façon explosive depuis la fin des années 90 au niveau mondial. Le transfert de données correspond, par exemple, aux conversations téléphoniques via les téléphones portables. Votre voix est décomposée en données numériques (binaires : 0 ou 1) qui transitent à travers l’espace par le réseau des antennes-relais déployées comme une toile d’araignée à l’échelle planétaire. Ces ondes interfèrent avec tous les êtres vivants, y compris les abeilles. Ces appels téléphoniques « anodins » auraient-ils des répercussions sur les abeilles ?

Matrix, le film devenant réalité

Il est troublant de constater la fulgurance avec laquelle s’est développé le transfert de données ou d’informations par les micro-ondes depuis la fin des années 1990. Cela coïncide avec le début de l’observation du syndrome d’effondrement des colonies. En 1990, on comptait 11 millions d’abonnés au téléphone mobile, en 1998, 300 millions et en 2013, nous étions à 6,84 milliards pour une population mondiale d’environ 7 milliards. Le développement de la téléphonie mobile a surtout « décollé » en 1998. Pour que le téléphone portable fonctionne, les antennes-relais se sont déployées à l’échelle planétaire sur ces deux dernières décennies. Toujours utilisée aujourd’hui, la 2G (ou 2e génération des standards pour la téléphonie mobile) s’est développée à partir de 1991. Elle a marqué le passage à l’utilisation du numérique pour la téléphonie, se servant d’un langage binaire pour le transfert de données ou d’informations. Aujourd’hui, la Terre est donc littéralement immergée dans un bain d’ondes électromagnétiques artificielles. Une matrice de 0-1 se superpose aux ondes électromagnétiques naturelles de notre planète. De plus, la conversation téléphonique « Bonjour, t’es où ? », traverse nos corps, les arbres, les animaux… et les abeilles. Nous ne sommes pas loin du film Matrix où l’on voit défiler des suites de 0 et de 1. Il n’est pas étonnant que les abeilles porteuses de forces de vie ne puissent visiblement pas s’adapter à cette matrice numérique.

Le rôle de la magnétite

L’organisme des abeilles, des oiseaux, des poissons, tout comme le cerveau humain contiennent des nanoparticules de magnétite. Le biophysicien Ulrich Warnke (1) souligne le rôle de ce minéral ferromagnétique dans la capacité de l’abeille à s’orienter. C’est un excellent capteur des micro-ondes dans la plage de fréquence de 0,5 à 10 Gigahertz (GHz). Pour rappel, la mesure de la fréquence des ondes s’exprime en hertz (Hz). Un hertz correspond à un mouvement par seconde, 1 Gigahertz (GHz) à 1 milliard de cycles par seconde.

Or toute la technologie des transferts de données et d’informations utilise la gamme de fréquence des micro-ondes. Ainsi l’onde porteuse des téléphones portables pour se relier aux antennes-relais est sur des fréquences de à 0,9 à 2,6 GHz. La wifi utilise deux bandes de fréquence 2,4 GHz et 5 GHz, les téléphones sans fil 1,88 à 1,9 GHz, les liaisons sans fil Bluetooth, 2,4 GHz… Il semble donc évident que la magnétite va être impactée par ces ondes électromagnétiques artificielles.

Le phénomène de résonance possible avec la 2G

Concernant l’impact des ondes électromagnétiques artificielles, un autre aspect est à prendre en considération : le phénomène de résonance (2). On peut l’illustrer avec les tremblements de terre. Quand une onde sismique traverse un bâtiment, oscillant sur la même longueur d’ondes qu’elle (même si ce n’est pas visible à l’œil nu), il se produit un transfert d’énergie vers le bâtiment dont le mouvement oscillatoire s’en trouvera amplifié. Il peut alors s’écrouler.

Pour les abeilles, ce même phénomène de résonance a été mis en évidence par Ulrich Warnke. Des chercheurs russes Eskov et Sapozhnikov ont découvert en 1974 que la danse de communication des abeilles génère des ondes électromagnétiques dont la fréquence varie entre 180 et 250 Hz (3). Leur danse sert à indiquer l’emplacement de sources de nourriture, un endroit favorable à l’implantation de la colonie, mais aussi des points d’eau ou des zones de récolte pour la propolis. Le lieu est situé précisément, avec des informations quantitatives et qualitatives. Ulrich Warnke a soumis des abeilles à des fréquences de 250 Hz, parallèles aux lignes du champ terrestre. Conséquence : de nettes erreurs de direction dans les danses de signalisation ont été constatée, pouvant représenter 10 degrés. C’est bien un phénomène de résonance qui se produit : leurs danses ont été amplifiées. Or la 2G est modulée à 217 Hz, ce qui coïncide avec les fréquences des danses de communication des abeilles. Jusqu’où le déploiement de la 2G à travers le monde entier a-t-il impacté et impacte-t-il encore aujourd’hui les abeilles ? Quelles sont les conséquences de la résonance induite sur le brouillage de leur communication ?

D’autres causes sont en jeu : pesticides, parasites, traitements des ruches, OGM, monoculture… Avec les ondes, toutes ces origines possibles semblent agir à deux niveaux : affaiblissement de leur système immunitaire et altération de leur sens de l’orientation. Ne s’agit-il pas là d’un vaste miroir que nous tendent les abeilles ? Quel est l’état de notre propre système immunitaire (avec la recrudescence des maladies auto-immunes) ?

Quelles directions prenons-nous dans notre vie ? La création d’un monde à l’image de Matrix ou le choix de développer un regard respectueux sur la Terre et d’agir en conséquence ?

Quelles solutions ?

La communication sans fil accroît le rendement par l’instantanéité et l’apparente rapidité de la circulation de l’information… Elle semble répondre également à notre besoin de sécurité : s’il m’arrive quelque chose, mon portable va me sauver, s’il arrive quelque chose à mon enfant, mon écoute-bébé me le dira… Mettre possiblement en danger la planète, notamment à travers les abeilles et l’ensemble des êtres humains, ne semble pas compter face aux peurs irrationnelles des usagers et à la course au profit des opérateurs. Ces outils technologiques ne sont que des leurres qui vont même à l’inverse de cette quête de sécurité, compte tenu de la destruction qu’ils peuvent générer (4). Mais fondamentalement, c’est bien nous qui choisissons et façonnons le monde dans lequel nous vivons, par nos actions. Nous pouvons dire non aux transferts de données par les micro-ondes : toutes les technologies filaires, même si elles peuvent sembler archaïques, restent efficaces. Elles nous demandent d’accepter les contraintes de l’espace, que le transfert de données « gomment » induisant une illusoire et séduisante sensation de liberté.

Pour agir différemment, il faut aller librement à contre-courant de la mouvance bien-pensante qui martèle que ne pas utiliser ces technologies du sans-fil, c’est être « has-been »… « Déjà que je mange bio, alors si en plus, je dois me distinguer avec ça, je vais être mis sur la touche ! ». Pourtant, il est possible de retourner cette croyance : et si agir différemment, c’était avoir un ou deux siècles d’avance ? Les pionniers de la bio, il y a cent ans, ont dû tenir bon face à l’euphorie ambiante des promesses de l’agriculture intensive. Ce libre choix sera peut-être aussi un moteur pour l’émergence de nouvelles technologies plus respectueuses de la nature et de l’être humain. Qui sait ?

Agir différemment et tenir dans le temps, nécessite forcément un courage reposant sur un vrai changement d’état d’esprit. Pierre Rabhi, nous parle de mettre l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations. Pierre Lassalle, écrivain et conférencier international, nous propose dans son ouvrage Natura (5), de développer, avec une approche occidentale, une vision sacrée de la nature, avec des solutions spirituelles et concrètes pour la guérir.

Alors Matrix, juste une bonne histoire ou avertissement d’une réalité possible en devenir ? A nous de choisir…

Article écrit par Elise Giradi, Biologiste et Naturologue. Article paru dans le journal Biocontact de Novembre 2015.

Elise propose des exposés-débat sur les ondes et également des formations de théâtre en Région Parisienne et en Province.

Contact

01 43 00 51 88

http://www.atelierstheatrelyris.jimdo.com

  1. Des abeilles, des oiseaux et des hommes. La destruction de la nature par l’«électrosmog » Ulrich Warnke, éd. Kempten, livre numérique consultable gratuitement sur http://antennes31.org.
  2. Trois scientifiques défendent l’hypothèse de la résonance fréquentielle : Pr Vladimir Binhi (Magnetobiology AP-2002), Pr Gérard Hyland, ancien conseiller du Parlement européen (Lancet. 2000 Nov. 25; 356(9244):1833-6. Physics and Biology of Mobile Telephony) et le Pr Luis Miro, de la faculté de médecine de Montpellier (Miro L. Risques liés aux rayonnements radio-électromagnétiques – Editions techniques – Encycl. Méd. Chir. (Paris), Toxicologie-Pathologie professionnelle, 16-512-D-10,1994, 6 p).
  3. Eskov, Sapozhnikov AM (1976) : « Mechanisms of Generation and Perception of Electric Fields by Honey Bees ». Biophysik21 (6) : 1097-1102.
  4. Documentaire Téléphonie mobile, le danger dissimulé sur www.youtube.com.
  5. Natura ou les secrets du Livre de la Nature, Pierre Lassalle, éd. Terre de Lumière.